Le chat Bubi

   A l’automne 1985 , une solide chatte blanche et grise , portant le sympathique nom de Berta , était à la recherche d’un environnement adapté pour sa descendance à venir . Elle trouva – au centre de Herne – un jardin avec une pièce d’eau , un peu de nourriture quotidienne et de bonnes paroles de la propriétaire , qui était une véritable amie des animaux .
   C’est ainsi que Berta s’installa et mit au monde un petit chat et une minuscule petite chatte . L’amie des animaux et Berta s’accordèrent sur les noms de Bubi et Berti , qui convenaient parfaitement : Bubi regardait en effet le monde de ses yeux d’enfant gris-verts(1) ; Berti ressemblait à sa mère (2) . Après un hiver froid très enneigé , il arriva ce qui devait arriver : le chat Bubi , qui ne s’était manifesté jusqu’alors que par sa paresse et son monstrueux appétit , chassa  du logis mère et sœur et offrit à la propriétaire ses services contre gîte et couvert . On se mit d’accord sur un contrat de travail , à savoir que Bubi resterait désormais le matin devant la porte d’entrée pour avoir un œil sur les visiteurs , et que  l’après-midi il aurait à surveiller le jardin et éloigner les chats et chattes étrangers . Bubi accomplit ses devoirs avec zèle .

   Son plus grand ennemi devint le facteur , à qui il adressait chaque jour des ronronnements si furieux , que ce dernier prit peur . En effet , Bubi ne pouvait se représenter qu’un être humain sonnant chaque jour à une porte,sans qu’on le fît jamais entrer, poursuivît son action avec un tel entêtement .

  Pour le travail du jardin , Bubi s’était habitué à un si terrible « chant de guerre » que non seulement les chats étrangers s’éloignaient à la hâte , mais aussi des passants ignorants du fait .

  La vie du chat Bubi aurait donc suivi son cours tranquille si – comme le lui avait conseillé la propriétaire – il était resté auprès de la maison et dans le jardin . Mais  en automne et au début de l’année qui suivait , elle l’entraînait par les routes dans d’autres domaines prisés des chats . Il y connaissait des aventures dont il ne racontait rien et en revenait satisfait .

  Mais en février 1973 ,  après trois jours d’absence , il revint effondré et couvert d’ écorchures en se traînant sur les pattes avant , s’efforçant péniblement de traîner la partie arrière derrière lui . La propriétaire le conduisit à la clinique vétérinaire , où il fut établi qu’il avait été accroché et projeté par une voiture .Il souffrait d’une double fracture du bassin et avait une côte également fracturée . On pouvait également craindre des lésions internes .
  Bubi fut opéré , resta près d’une semaine en clinique où son environnement habituel lui manqua . Combien grande fut donc la joie réciproque , lorsqu ‘il fut récupéré par sa « petite femme « , elle tellement touchée par la reconnaissance manifestée en la revoyant , lui avec un gros pansement sur le ventre , mais avec une joie de vivre intacte ! Aujourd’hui Bubi ne sort pratiquement plus , c’est au contraire un véritable «  chat de maison «  .

  Après de nombreuses années à Herne , il vient de consigner son expérience de la vie dans son journal intime :
      «  La vie des animaux en ville n’est pas complètement sans danger «  .
 

  1. : Bubi est en allemand le diminutif de Bube ( ancien nom pour « Junge » ) : petit garçon , donc enfant .
  2. : Berti est bien sûr le diminutif de Berta .

 

Auteur :  Wolfgang Viehweger                                            Traduction : Colette Martin
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