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Bambi A Varenrode régnait au début des années 60 une grande agitation entre les habitants , les Reker , les Büssemaker , les Kück et les Bür , presque tous parents entre eux .La raison en était l’alignement et la reconstruction partielle de la Nationale 70 qui conduit à Emden ; cette contrainte étant la conséquence de l’intensification du trafic routier . Comme à l’origine cette région était marécageuse , ce qu’indiquait la « Speller Dose » (1) , on dut aménager des fossés d’évacuation profonds pour l’eau , afin de pouvoir construire la Nationale en toute sécurité .Les ouvriers s’étaient installés chez les paysans de Varenrode - particulièrement à l’auberge Geiger . Partout on pouvait voir des camions et du matériel lourd . La tranquillité des habitants de Varenrode céda peu à peu le pas à l’agitation et au bruit inévitablement causés par une telle entreprise. Maria Reker ( la mère adoptive des animaux ) , était mariée depuis longtemps . C’est sa cadette Ulla qui avait , dans une certaine mesure , pris sa place , et elle se rendait chaque jour à l’école de commerce de Lingen . Ulla Reker n’hésita pas un seul instant , elle descendit dans le fossé , mit le chevreau dans sa veste et rentra chez elle . A la maison , le chien de chasse Heiko , qui avait déjà vécu beaucoup de choses chez les Reker , Pour les jours à venir , elle y aménagea la couche de Bambi et y ajouta une caisse de bois remplie de foin où elle installa l’animal . Elle-même dormit pendant cette période sur un divan près de Bambi . On le nourrit, au biberon et à la tétine – comme toujours chez les Reker en cas d’urgence – de lait écrémé . Cette fois , ce fut en tout cas compliqué . Le chevreuil réclamait sa tétée toutes les quatre heures , même la nuit . C’est ainsi que Ulla et Heiko n’eurent pratiquement aucun repos dans les semaines qui suivirent . A cette époque , le chien de chasse ne laissait entrer personne dans la salle , en particulier quand Ulla était à l’école . Il lui fallait donc nourrir l’animal et nettoyer la caisse juste avant de partir et dès son retour . Après un mois , Bambi avait appris à communiquer avec ses nouveaux amis : avec Heiko , il se promenait dans la maison et le jardin , acceptait que celui-ci le lave et le surveille . Quand Ulla faisait ses devoirs , Bambi ne la laissait pas davantage en paix tant qu’il n’était pas pelotonné dans le giron de sa mère adoptive . Plus tard , on put souvent les voir tous les trois se rendant chez le commerçant du coin – Heiko et Bambi attendaient patiemment dehors la fin des commissions – et on les voyait le dimanche se promener dans le village ou jouer dans le jardin . Heiko n’étant plus très jeune , il était régulièrement battu à la course dans le jardin , tandis que le chevreuil devenait de plus en plus exubérant et pétillait littéralement de joie de vivre . Ce fut évidemment Heiko , ami fidèle de l’animal , qui lui permit de nombreuses découvertes . La nuit aussi , ils étaient tous deux ensemble et dormaient blottis l’un contre l’autre . Le séjour du chevreuil dans la famille dura ainsi une année . – Pour Ulla Reker les devoirs animaliers devinrent , à la fin de sa scolarité , de plus en plus difficiles , même quand sa sœur Monika essaya de la remplacer , mais c’est surtout l’état de santé de Heiko qui se mit à poser problème : il était entre temps devenu si vieux et fragile qu’il fallait s’occuper toujours plus de lui et de ses maladies . Il continuait de vouer au chevreuil un amour ardent et profond , mais il ne pouvait pratiquement plus sortir avec lui pour jouer . L’isolement progressif de Bambi était donc prévisible .Celui-ci avait depuis longtemps une silhouette élancée , avec de grandes oreilles , des « quinquets » ( yeux ) sombres et un pelage brun-rouge . Son poids atteignait environ les 30 kg . Sa nourriture se composait de fruits , herbes et glands . Après une longue discussion entre Ulla , sa sœur Monika , Franz Kück et Heiko , on en vint à la conclusion Et en effet , en été , le chevreuil devint de plus en plus calme et pensif , il faisait de longues promenades dans la forêt toute proche et se préparait manifestement à partir , comme Ulla Reker , qui vivait désormais à Münster , l’avait supposé .
Auteur : Wolfgang Viehweger Traduction : Colette Martin |
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