Schnuppel de Wittringen
Tous les habitants de la Ruhr aimant les chats savent que dans la forêt de Wittringen , près de Gladbeck , vivent à la ronde les plus beaux chats qui soient . De plus , ils sont empreints d’une certaine noblesse , sans doute en rapport avec l’ancien siège seigneurial , enfin ce sont de renommés chasseurs de souris .
En bref : Wittringen est à la Ruhr ce que Bubastis est à l’Egypte . L’histoire de Schnuppel de Wittringen commence le 15 août 1974 , jour de sa naissance . Les noms de ses père et mère est enfoui dans les ténèbres de l’histoire ; il est simplement établi que cette jeune chatte reçut une excellente éducation , ce qui se révéla plus tard .
C’est par hasard qu’elle arriva à Herne chez une dame adorant les chats . Avec charme et détermination , elle apprit à sa maîtresse à se lever à 3 heures du matin et à l’accompagner à la prairie voisine où se trouvaient de nombreuses souris .
Mais Schnuppel ne parvint pas à convaincre la propriétaire d’ attendre avec elle 2 à 3 heures devant des trous de souris pour attraper au dernier moment un savoureux petit - déjeuner . Aussi ne lui resta-t-il plus d’autre choix que de rapporter ( pour les présenter ) des souris vivantes ( et mortes ) dans la maison .
Comme toutes les dames de la noblesse , Schnuppel allait au lit vers 7 heures et dormait jusqu’à 13 heures d’un sommeil réparateur ; l’après-midi elle surveillait sa maîtresse, regardait aussi un peu la télé le soir, en particulier les feuilletons policiers du Commissaire Colombo et obtint grâce à force « miaou » que règne dès 22 heures un parfait silence nocturne . Des quelques invités qui rendirent visite à Schnuppel, elle reçut des cadeaux plus ou moins bizarres ; ainsi en 1975 une souris dressée noire et blanche , avec laquelle elle joua quelques semaines, jusqu’à ce que la puanteur de la souris , qui ne connaissait pas la propreté , lui gâcha le plaisir .
A l’ automne 1975 elle épousa après de courtes fiançailles un imposant matou , Wilhelm ( dit Willi ) et lui donna 4 enfants : Othello , Orphée , Eurydice et Gris – Nez . Elle fut une mère si exemplaire qu’avec sa progéniture elle donna lieu au tournage de nombreux courts-métrages .
En 1980 , elle reçut d’une visiteuse enthousiaste un chapeau de chasseur vert à la plume grise . En 1982 , elle posa comme modèle pour une huile intitulée « L’Attentiste « .
A ce jour , Schnuppel , qui , dans sa 21ème année , jouit d’une bonne santé , est presque devenue un être humain à part entière , - après tout , elle a été toute sa vie Dame de Compagnie chez les humains !
Elle sait discuter avec sa maîtresse en se faisant comprendre , et réciproquement ; elle ouvre les portes , soigne sa digestion plusieurs fois par semaine avec du thé à la menthe et ne refuse pas non plus une petite ration de pâtes au goulasch .
Quand on demande de temps à autre à la maîtresse de céans si Schnuppel vit toujours , elle répond :
« Schnuppel est immortelle ! « . L’après-midi , Schnuppel elle-même regarde pensivement son « univers « par la fenêtre du séjour , s’abstient généreusement de remarquer les souris , et attend que se fasse entendre la Ford de sa maîtresse .
Quand elle l’entend , elle va à la porte d’entrée et commence son joyeux rituel d’accueil .
Auteur : Wolfgang Viehweger Traduction : Colette Martin |