La réglementation des écuries au Château de Bickern

Voici plus d'un siècle se dressait au bord du « Hüller Bach », un ruisseau, le Château de Bickern (1), qui a laissé son nom à l'actuel quartier de Herne. Hugo von Bickern, employé ministériel de la Princesse- Abbesse (2) de Essen, possédait un imposant élevage de chevaux avec de nombreuses écuries. Parmi ces chevaux vivaient depuis la nuit des temps des nains qui, à leur manière, se rendaient utiles à la ferme; pour cette raison, les Seigneurs de Bickern les avaient toujours traité avec respect. Les chevaux vivant dans ces écuries étaient soumis à une stricte réglementation et, en raison de la présence des nains, ne devaient en aucun cas être utilisées comme toilettes. Les chevaux devaient donc faire leurs besoins dans la nature. Ainsi, tout semblait donc être en ordre.
Pourtant, dans cette communauté si paisible, il arriva un jour un sérieux problème: le doyen des nains, qui portait le beau nom de Siegfried, vint un jour se plaindre aux Seigneurs du château: « Chés nouvieaux bidets, y nous piss't et y nous tchi't in plein d'sus nous tiètes! ».(3)
Que s'était-il donc passé? Par paresse, quelques nouveaux chevaux ne s'étaient pas conformés à la sévère réglementation et avaient donc, d'une manière bien peu raffinée, importuné les sous-locataires. Hugo von Bickern fit, ce même jour, déplacer les chevaux de cette écurie malodorante et construire une grange à paille et à foin pour abriter les nains. A partir de ce moment, nains, hommes et chevaux vécurent de nouveau en bonne entente.
Des descendants des nains vivent encore aujourd'hui dans les fermes de Bickern, dans trois petites maisons situées derrière les maisons des seigneurs. Ils paient leurs impôts, bénéficient de la sécurité sociale et se disent ouvriers agricoles. Ils conservent le journal intime de Siegfried, leur doyen, comme un testament. De temps à autre, ses petits-enfants en font publier des extraits dans les journaux locaux, tout comme l'histoire du règlement des écuries.

(1) Bickern est aujourd'hui un quartier de Herne.
(2) Abbesse ayant à l'origine le rang de princesse, et possédant également une charge politique.
(3) Cette phrase étant rédigée, dans sa version originale, en dialecte westphalien, je l'ai traduite en ch'ti pour renforcer le caractère rural de l'histoire.

Auteur : Wolfgang Viehweger - Traduction : Colette Martin

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